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Loi de programmation pluriannuelle de la recherche : motion du laboratoire TDMAM

Les membres statutaires et associés de l’UMR 7297, « Textes et documents de la Méditerranée antique et médiévale », toutes catégories confondues, réunis en assemblée générale extraordinaire le 03/02/2020, affirment leur opposition catégorique aux préconisations des rapports ministériels en vue d’une loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR).
Ces préconisations, partant de constats justes – financement insuffisant de la recherche publique, tarissement des emplois statutaires, faible attractivité des métiers de la recherche due à la faiblesse des rémunérations et à la dégradation des conditions de travail –, proposent des dispositions qui ne peuvent qu’aggraver la situation préoccupante de la recherche française :

 Au lieu de mettre à niveau le financement pérenne des unités, seul gage d’indépendance et de fécondité de l’activité scientifique, elles promeuvent la mise en compétition systématique des équipes et des personnes à travers le développement de la recherche sur projet et la multiplication des procédures d’évaluation externe.

 Au lieu d’ajuster les recrutements de personnels titulaires, dont les libertés académiques sont garanties par le statut de fonctionnaire, à l’évolution des besoins en matière de développement scientifique et d’encadrement d’un effectif étudiant en hausse, elles multiplient le recours aux emplois précaires, CDI de chantiers et tenure-tracks, appelés notamment à remplacer les maîtres de conférence.

 Au lieu de favoriser l’activité de recherche en libérant le temps des chercheurs et des enseignants chercheurs, elles portent atteinte à leur statut en imposant aux premiers des tâches d’enseignement et aux seconds la modulation à la hausse de leur service d’enseignement.

 Au lieu de procéder à la nécessaire revalorisation des salaires, elles envisagent la mise en place d’un système de primes – sans les chiffrer –, contrepartie de tâches supplémentaires non définies et d’allégeance à des orientations échappant à l’emprise des chercheurs.

Le projet que dessinent ces préconisations est un projet réactionnaire, inspiré par une idéologie managériale contraire à la science, qui exige liberté, sérénité, temps long. Il constitue une atteinte sans précédent contre la fonction publique dans le domaine de la recherche et de l’enseignement supérieur, contre la souveraineté institutionnelle et épistémologique des chercheurs sur leurs professions.
Les membres de l’UMR demandent le retrait de ce projet et l’ouverture d’un débat national sur le devenir de la recherche. Ils demandent également que le gouvernement prenne en matière économique des engagements fermes et chiffrés qui soient à la hauteur des enjeux.
D’autre part, ils constatent que le projet de LPPR s’inscrit dans le contexte plus large d’un ensemble de « réformes » de nature à dissoudre le contrat social, et à porter tout particulièrement atteinte à la fonction publique, en particulier la « réforme » du système des retraites.
Les membres de l’UMR, enfin, appellent tous leurs collègues à rejoindre les mobilisations en cours dans l’université, à participer aux journées de grève, aux assemblées générales, aux manifestations nationales, et aux actions revendicatives décidées par celles-ci. Ils les appellent également à contribuer à la caisse de solidarité avec les grévistes de l’université (www.lepotsolidaire.fr).

Motion votée à l’unanimité des votants (présents et des représentés) moins une voix.