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Interprétation des rêves ou onirocritique

L’interprétation des rêves, qui est restée l’objet d’une pratique constante dans le monde grec, même après la naissance de l’empire chrétien, a donné lieu à une littérature singulière.

Elle est constituée de divers manuels alphabétiques, en général versifiés, qui se présentent comme des lexiques des symboles oniriques. Mais aussi, de deux volumineux ouvrages thématiques, à prétention scientifique, qui se veulent des sommes des connaissances accumulées dans la science de l’interprétation des rêves : l’Oneirocriticon d’Artémidore de Daldis (IIe siècle) et l’ouvrage byzantin attribué à Achmet Ibn Sîrîn (Xe siècle).

Le rêve qui guérit : relief votif d’Archinos, fin du IVe s. av. J.-C., sanctuaire d’Amphiaraos, Oropos (Attique). Photo Christophe Chandezon. © Groupe Artémidore

Anne-Marie Bernardi, qui collabore ponctuellement aux travaux entrepris par l’équipe de Montpellier sur Artémidore (équipe CRISES - Université Paul Valéry, Montpellier), travaille principalement sur les manuels alphabétiques byzantins et sur le traité d’Achmet, qui, tout en intégrant certains apports de l’onirocritique musulmane, christianise en profondeur la tradition grecque de l’interprétation des rêves.

Traduction et commentaire de l’ouvrage d’Achmet Ibn Sîrîn

L’ouvrage byzantin attribué à Achmet Ibn Sîrîn (Xe siècle) n’a pas été traduit en français depuis le XIVe siècle.
Cet ouvrage avait pourtant connu une grande diffusion non seulement en Orient mais aussi dans l’Occident médiéval : il avait donné lieu à deux traductions en latin au XIIe siècle et c’est à partir de la traduction latine de Leo Tuscus qu’ont été faite les traductions en langues vernaculaires.

Pour pallier ce manque, Anne-Marie Bernardi travaille donc depuis plusieurs années sur cet ouvrage et prévoit d’en publier la traduction française commentée début 2013.

"L’Oneirocriticon" ou le "Traité d’interprétation des rêves" d’Artémidore de Daldis

Depuis 2008 Anne-
Marie Bernardi collabore avec le groupe Artémidore, dirigé par Julien du Bouchet et Christophe Chandezon (équipe CRISES - Université Paul Valéry, Montpellier). Ce groupe a entrepris une nouvelle traduction de l’Oneirocriticon d’Artémidore. Cette collaboration permet également, une étude comparée rigoureuse avec l’ouvrage attribué à Achmet Ibn Sîrîn. Les journées d’études annuelles organisées par Julien du Bouchet en mars chaque année depuis 2009, permettent d’élargir le champ à d’autres traditions d’interprétation.

Manuels alphabétiques

Anne-Marie Bernardi travaille également sur les manuels alphabétiques attribués au prophète Daniel, au patriarche Nicéphore, à l’empereur Manuel Paléologue, et sur le manuel transmis par l’Anonyme parisien (Parisinus gr. 2511). L’extrême dépendance de ces traités les uns par rapport aux autres conduit à réduire considérablement le nombre des textes connus : sur les onze manuels recensés jusqu’ici, quatre seulement semblent constituer un noyau originel dont les autres ne sont que des rédactions secondaires, intégrant de multiples variantes. Le travail accompli par le professeur G. Guidorizzi sur l’ouvrage attribué à Nicéphore doit être mené pour les autres manuels.

Cette analyse systématique des variantes introduites par les rédactions secondaires devrait permettre de cerner les processus de christianisation de la divination onirique classique et tardive et d’intégration de l’apport musulman.