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ZOOM SUR... les dynasties de l’Inde méridionale : les "Cola", les "Pallava" & les "Pândya".

L’ensemble des recherches conduites au CPAF sont présentées dans la rubrique "Thèmes de recherche". Mais chaque mois une visibilité supplémentaire sera donnée dès la page d’accueil, à une de nos thématiques. Ce mois-ci, honneur aux recherches sur l’Inde ancienne conduites par Sylvain Brocquet qui a effectué début 2012, un voyage de recherche en Inde du sud, à Kolkata et au Bangladesh.

Responsable Sylvain Brocquet

Les recherches de Sylvain Brocquet portent aussi sur la littérature médiévale sanskrite

Le pouvoir est représenté en Inde ancienne dans de très nombreux documents, de manière explicite ou allégorique  : programmes iconographiques des temples qui associent le souverain à la divinité ; textes littéraires – épopée, poésie savante, théâtre – qui mettent en scène le personnage du roi et dramatisent les problématiques de la souveraineté ; chartes royales gravées sur des tablettes ou sur les murs des édifices religieux, qui comportent une généalogie et un panégyrique du monarque.

Sylvain Brocquet coordonne plusieurs projets de recherche qui portent sur trois importantes dynasties de l’Inde méridionale : les Cola, les Pallava, les Pândya. Ces recherches qui s’inscrivent dans les programmes du CPAF, s’insèrent également au sein de l’Institut français de Pondichéry.

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Les inscriptions sanskrites des souverains de la dynastie Cola

Sylvain Brocquet s’est engagé en 2012, après un séjour de recherche en Inde, dans l’édition, la traduction et l’étude des panégyriques sanskrits des souverains de la dynastie Cola. Cette dynastie est à l’origine de plusieurs milliers d’inscriptions, chartes de donation gravées sur des tablettes de cuivre ("copper plates") et textes gravés sur les murs des temples. Toutes ne sont pas le fait du roi lui-même : à côté des commandements royaux (râja-shâsana), nombre d’épigraphes
enregistrent des donations pieuses effectuées par des notables ou de simples particuliers, mais sont datées par rapport au règne d’un souverain de la dynastie et placent l’acte ainsi énoncé sous son égide.

La très grande majorité de ce corpus considérable est rédigée en tamoul. Le sanskrit n’est utilisé que dans un nombre très réduit d’inscriptions, où il apparaît comme la marque du roi. Dans la mesure où le recours au sanskrit caractérise des passages clairement délimités, correspond à des contenus spécifiques et remplit une fonction particulière, l’étude séparée des inscriptions et des parties d’inscription rédigées dans cette langue se justifie pleinement – d’autant qu’une édition intégrale ne peut se concevoir que comme une entreprise de très longue haleine, nécessitant plusieurs volumes et faisant appel à une équipe nombreuse.

Cette étude comportera trois volets : édition, traduction, analyse. Elle concentrera son attention sur les aspects littéraires et rhétoriques des textes, ainsi que sur leurs implications idéologiques et anthropologiques. Elle sera l’occasion d’une comparaison avec les parties rédigées en tamoul, en particulier le panégyrique du souverain rédigé dans cette langue.

Les services archéologiques du Tamil Nadu disposent d’une nouvelle inscription Cola sur tablettes comportant un panégyrique sanskrit, qui est actuellement en cours d’édition : dès que celle-ci sera achevée, il sera vraisemblablement possible d’avoir accès au document orignal et de l’inclure dans l’ouvrage projeté.

Photographie : sceau authentifiant d’une inscription sur tablette de la dynastie Cola. © Sylvain Brocquet

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Inscriptions des Pallava

Sylvain Brocquet qui avait consacré sa thèse à ces inscriptions, a repris ce travail afin de le compléter, en y incluant d’une part les inscriptions et parties d’inscriptions rédigées en tamoul ainsi que celles,
anciennes et peu nombreuses (émises par ceux qu’il est d’usage d’appeler les "Early Pallava"), qui le sont en prâkrit.

Il étudie également les inscriptions qui ont été trouvées depuis 1997. On a en effet découvert quelques nouveaux documents, notamment des tablettes en prâkrit et quelques brèves épigraphes pariétales, en particulier sur le site de "Mahâbalipuram".

Ce travail est effectué en collaboration avec Emmanuel Francis (université de Hambourg), qui se charge des textes tamouls, tandis que Sylvain Brocquet se charge des textes prâkrits et sanskrits.

Cette recherche devrait conduire à la publication de plusieurs volumes : un volume consacré aux tablettes de la première période (celle des "Early Pallava"), un autre aux inscriptions sur tablettes des périodes suivantes, un autre encore aux inscriptions sur la pierre – chacune de ces deux dernières catégories ayant des caractères spécifiques et nécessitant une étude particulière.

Photographie : détail d’un relief, site de Mahâbalipuram, "Bhagîratha" ("Rishi royal, descendant de Sagara dont le mythe est conté, notamment, dans le Rāmāyana" (définition wikipédia). Image © Sylvain Brocquet

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Inscriptions des Pândya

Sylvain Brocquet participe au projet piloté par Valérie Gillet (École française d’Extrême-Orient) qui a entrepris une édition et une traduction des inscriptions de la dynastie des Pandya , qui pour la plupart sont écrites en tamoul.

Il en existe cependant un petit nombre en sanskrit : Sylvain Brocquet contribuera au projet en éditant, traduisant et étudiant ces quelques épigraphes.

Son séjour à Pondichéry en 2012 lui a d’ores et déjà permis de se rendre au temple de Narasimha à Anaimalai (près de Madurai) et de vérifier l’édition antérieure d’une inscription sanskrite de trois strophes, qui s’est révélée comporter un certain nombre d’erreurs de lecture qu’il a ainsi été possible de corriger.

Photographie : Anamamai "Inscription Pândya du temple de Nara. © Sylvain Brocquet

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Insertion de ces projets dans les programmes de l’Institut français de Pondichéry

Sylvain Brocquet s’est rapproché de l’Institut français de Pondichéry (IFP). Dans ce cadre et sous les conseils du professeur Subbarayalu, il va s’intéresser à la fréquence et à la répartition géographique des inscriptions totalement ou partiellement sanskrites, ainsi qu’aux attestations de l’usage de cette langue dans les différents sanctuaires de l’espace considéré.

Ces données pourraient faire l’objet d’une cartographie. Il devrait également examiner les phénomènes d’emprunt linguistique au sanskrit dans les épigraphes rédigées en langue dravidienne. Une étude minutieuse de ces emprunts, de leurs modalités phonétiques et orthographiques, de leur typologie, pourrait apporter à la communauté scientifique de précieuses informations dialectologiques.

Cette recherche est évidemment envisagée sur le très long terme : elle suppose en effet la prise en compte de vastes corpus d’inscriptions rédigées dans plusieurs langues dravidiennes, ainsi que la formation linguistique nécessaire pour les appréhender.

Les recherches de Sylvain Brocquet portent aussi sur la littérature médiévale sanskrite